La pathologie psychotique existe chez l'enfant. A l'âge adulte, les 2/3 seront lourdement handicapés. Le terme de psychose infantile vieillie, PIV, désigne les cas chez l'adulte où le déficit est le plus grave
La déficience intellectuelle domine le tableau des psychose infantiles vieillies.
Les psychoses de l'enfance sont des pathologies individualisées récemment, essentiellement à partir des années 40 avec l'influence de la psychanalyse.
D'une manière analogue à la schizophrénie qui remplace la démence précoce, les psychoses infantiles succèdent aux idioties, aux arriérations et autres retards mentaux.de l'enfance.
La clinique internationale (CIM 10) et américaine (DSM IV) est très éloignée de cette approche. La catégorie des troubles envahissants du développement se rapproche de celle de la psychose infantile.
Chez l'enfant la clinique est encore plus que chez l'adulte dépendante du modèle théorique. Les descriptions sont variables et les querelles d'écoles importantes.
L'âge d'apparition de la psychose est déterminant. Plus la psychose va s'exprimer précocément plus la réduction des performances cognitives sera grave. Par exemple si la psychose s'exprime avant l'apparition du langage, elle gênera l'acquisition de celui-ci et par la suite l'enfant risque de ne jamais pouvoir parler alors que si la psychose est postérieure, il pourra garder cette acquisition.
Dans la classification classique française (Misès) sont distinguées :
Le concept clé dans cette approche est La dysharmonie : le retard n'est pas homogène, des secteurs ou des fonctions sont préservés voire même, l'existence d' une précocité d'acquisition possible pour certains domaines d'aspect insolite.
L'aspect dysharmonieux des troubles est le reflet d'un mécanisme psychopathologique et non organique. La dysharmonie peut être au second plan, quasi indétectable, laissant la place à un déficit global (quasi) harmonieux, c'est à dire touchant de la même manière tous les secteurs de la vie psychique : cognitifs, psychomoteurs, affectifs, relationnels, etc. Le tableau devient stable, chronique avec peu de possibilités d'évolution favorable.
Dans cette approche, il existerait une psychopathologie commune à toutes les psychoses infantiles.
Dit aussi autisme de Kanner.
Il entraîne des anomalies détectables avant l'âge de trois ans.
Son intégration dans le cadre des psychoses est très discutée.
Il se manifeste par un repli sur soi (= autisme) où l'enfant semble ne pas voir ou ne pas entendre, évitement du regard, "regard qui traverse". Un trouble du langage massif et constant. Des activités répétitives : mouvements stérotypiques, centres d'intérêts restreints focalisés, bizarres, recherche d'immuabilité (ne supporte pas les changements)
Une symptomatologie déficitaire évoquant les cas d'arriération mentale mais avec une note dysharmonieuse, plus ou moins facile à mettre en évidence, initiale ou apparaissant dans un second temps.
La clinique est variable. Sont décrits des troubles des conduites sphinctériennes, de l'alimentation, des manifestations anxieuses, des troubles du langage, des troubles psychomoteurs et du comportement, des automutilations
Les signes sont volontiers plus tardifs que dans l'autisme. Le retrait est moins massif avec possibilité d'un contact même s'il est pathologique. Le déficit est moins important au début ou localisé aux fonctions de communication (langage, psychomotricité).
Cet aspect moins déficitaire avec plus de communication permet de mieux repérer les signes psychotiques : utilisation du langage sans but de communication, défaut d'utilisation du "je", anxiété, terreurs, tics, rituels, etc.
La clinique est plus riche, avec des tableaux très variables et moins déficitaires que dans les psychoses précoces
Des signes de retrait et d'isolement (contact lointain, froid, isolement apragmatisme, etc.)
Des signes d'instabilité psycho-motrice : agitation, difficultés de concentration, hyperactivité, violence, crises auto ou hétéroagressives
Une production fantasmatique ou délirante : fantaisies imaginatives, identification à des personnages imaginaires, fantasmes de morcellement, etc. de manière anormale comparativement au développement standart de l'enfant. A noter que le délire chronique tel qu'il peut être décrit dans la pathologie adulte n'existe pas (ou exceptionnel) chez les jeunes enfants où des productions imaginatives avec plus ou moins de convictions font partie du développement normal.
Des signes anxiété et des signes de la lignée névrotique, surtout des phobies, des obsessions et des rituels
Des troubles du langage : refus, mutisme, altération, etc.
Des troubles psychomoteurs : maladresse, ralentissement, stéréotypies, etc.
Le tableau clinique associe
La prise en charge nécessite souvent des structures spécialisées (foyer occupationnel, hôpital psychiatrique) plus ou moins adaptées aux psychoses infantiles adultes.
Il faudra aider à maintenir une autonomie quotidienne avec une aide ou des sollicitations pour l'habillement, la toilette, l'alimentation.
Malgré l'aspect chronique et les faibles améliorations observées, il est tenté d'éviter une aggravation du déficit en proposant un environnement suffisamment stimulant.
Une vie collective avec si possible des petits groupes de malades, où l'existence quotidienne est organisée avec des temps, des lieux, des activités pour favoriser la socialisation, la conscience de soi et des autres. Sont élaborés des plannings d'activités sur la journée et la semaine, avec une alternance des moments collectifs et individuels, etc.
Pour permettre une communication, la parole est le plus souvent insuffisante. Des médiations corporelles (activités sportives, corporelles, équitation, aquatiques, etc.) se proposent avec des activités manuelles, graphiques, ludiques, musicales, etc., de favoriser une communication avec soi (image de soi) et avec les autres
L'organisation de la prise en charge est individualisée et ajustée selon les périodes. L'attitude est pragmatique et prudente. L'environnement de soins tente à la fois d'éviter l'isolement et de repérer des aptitudes afin de favoriser leur développement, mais dans le même temps elle reste prudente pour éviter que les stimulations ne soient source d'angoisse, d'agitation et de violence auto ou hétéroagressive.
Octobre 2003 © Serge Delègue
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